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« En tant qu’entrepreneur, entourez-vous des bonnes personnes, tant sur le plan privé que professionnel. »

La famille Aerts
  • Stefan (60), Nathalie (58) et Magalie (32)
  • Stefan et Nathalie : fondateurs de Childhome
  • Magalie : fondatrice de la marque de mode belge Les Jumelles
Début décembre 2022, ils ont partagé leur histoire. Malheureusement, Stefan Aerts s’est éteint le 15 février 2023 après un courageux combat contre le cancer. Nous envoyons toutes nos plus sincères condoléances à sa famille.

L’entrepreneur Stefan Aerts a fondé Childhome, une entreprise familiale qui commercialise des articles de puériculture. Avec son épouse Nathalie, ils ont travaillé dur pour se faire un nom. Childhome est devenu la référence mondiale pour les parents à la recherche de confort et de qualité. Leur fille Magalie a hérité de leur fibre entrepreneuriale et a créé la marque de mode Les Jumelles, dont le succès a été immédiat. La chance a souri à la famille Aerts, mais a finalement tourné lorsque Stefan a appris qu’il souffrait d’un cancer des os. Une famille d’entrepreneurs avec le cœur sur la main vous raconte leur histoire. 

Stefan : « Je n’avais que 22 ans lorsque j’ai transformé le garage de la maison familiale en entrepôt d’articles pour bébés et enfants. J’importais des sièges auto et des poussettes d’Allemagne et j’avais confié la fabrication d’un fauteuil à bascule à un atelier protégé. À l’époque, ça s’arrêtait là. J’avoue être assez nostalgique de mes débuts. Chaque jour, j’arpentais les magasins, le coffre de ma voiture débordant d’articles pour bébés.

Ma chambre était devenue mon bureau. À ce moment-là, j’envoyais mes factures et documents par fax. Un système très basique, mais que je trouvais formidable. L’entreprise s’est rapidement agrandie à tel point que mon épouse Nathalie a décidé de nous rejoindre après la naissance de notre fils Nicolas. Très vite, nous avons formé un duo de choc. »

Nathalie : « Stefan se concentrait sur l’entrepreneuriat. Je me chargeais du volet créatif. En tant que jeune mère, je connaissais les besoins des parents comme personne. Le résultat a été ma première ligne de chambres pour enfants qui a marqué les débuts de notre marque Childhome. L’assortiment s’est très rapidement élargi à des lits, des chaises bébé, des tapis de jeu, des sacs à langer, des commodes, des chaises à bascule et de nombreux autres articles de puériculture. Nous avons remporté plusieurs prix internationaux de haut vol. Notre Mommy Bag, un sac à langer très tendance, a connu un succès mondial. Tout comme la chaise pour enfant Evolu. Nous avons participé à des foires commerciales à Cologne, à Hong Kong, à Las Vegas, en Australie et à Paris. Childhome s’est exporté à l’international. Nous fournissions plus de 60 pays. »

Stefan : « Entre-temps, nos jumelles Magalie et Charlotte sont nées. Nous avions une vie de famille à 100 à l’heure qui demandait énormément d’attention. Nous avons donc pris la décision de déménager à côté des locaux de notre entreprise. Les enfants revenaient dîner pendant midi. Ils avaient des parents travailleurs, mais Nathalie restait à la maison à certains moments cruciaux. En tant que père, cela m’a apporté un grand soulagement. »

L’entrepreneuriat dans le sang

Magalie : « J’ai grandi dans une famille d’entrepreneurs aimante et chaleureuse. Maman et papa travaillaient dur, mais ils n’étaient jamais loin. Ils nous emmenaient en voyage à chaque vacance scolaire et en profitaient pour participer à l’une ou l’autre foire ou pour rendre visite à un fournisseur. Childhome était toujours de la partie, mais cela ne nous dérangeait pas. Au contraire, grâce à cela, nous découvrions le monde. Je leur en suis très reconnaissante.

Papa nous a aussi poussés à étudier à l’étranger. Il disait que cela élargirait nos horizons. J’ai donc entamé des études de gestion globale en Inde et j’ai découvert New York. Ma sœur jumelle Charlotte a étudié à Londres et à Hong Kong et mon frère Nicolas, au Luxembourg et en Espagne.

Durant mon voyage en Inde, je suis tombée amoureuse des couleurs, des imprimés et de combinaisons inattendues. Les Indiennes m’ont énormément inspirée. Mon rêve d’un jour ouvrir ma propre boutique en ligne a alors pris forme. »

Stefan : « J’ai très vite compris que Magalie avait l’entrepreneuriat dans le sang. Nous lui avions transmis notre passion. Nous n’étions donc pas étonnés lorsqu’elle a lancé les Jumelles en 2016, une boutique en ligne qui propose un assortiment de produits et de marques pour dames. »

Magalie : « Je suis moi aussi partie de rien pour créer Les Jumelles. J’ai conçu mon premier logo dans le programme Paint. La chambre de mon frère me servait de réserve. Tous les vêtements y étaient soigneusement empilés. Je me chargeais aussi d’envoyer les commandes.

Un jour, papa m’a proposé d’utiliser une partie de son magasin parce que les affaires tournaient bien et que je commençais à manquer de place. Depuis, les Jumelles n’a cessé de croître. Surtout en 2021, lorsque j’ai lancé Les Jumelles The Label. J’ai réalisé une collection avec mon équipe créative. La marque prône les couleurs vives, les imprimés graphiques qui attirent le regard et se distinguent dans la masse. Notre objectif : mettre un peu de couleurs dans ce monde gris. Entre-temps, nous vendons la collection dans plus de 50 points de vente nationaux et internationaux. »

Stefan : « Les Jumelles est une histoire fantastique. Nous sommes fiers des accomplissements de Magalie. En plus de la boutique en ligne, elle a ouvert quelques magasins éphémères. Un régal pour les yeux de nombreuses femmes, quel que soit leur âge ou leur budget. C’est clairement une force de la marque. »

Je suis reconnaissante d’avoir pu lancer Les Jumelles aux côtés de mes parents. Ils sont mon premier soutien. Mes conseillers. Mes plus grands fans.

Magalie Aerts

Entourez-vous des bonnes personnes

Magalie : « Je suis reconnaissante de m’être lancée dans l’aventure aux côtés de mes parents. Ils sont mon premier soutien. Mes conseillers. Mes plus grands fans.

Ils m’aident de temps en temps à prendre des décisions. Les investissements et les montants en jeu me font rapidement hésiter. Voir le cash-flow de ma société diminuer me rend nerveuse, mais papa me rappelle qu’un entrepreneur ne peut pas se développer sans investir. Il m’a d’ailleurs convaincue d’acheter ce magnifique bien commercial situé à cinq minutes de la maison. Une aubaine pour mes filles Olivia (4) et Philippa (2) puisque je ne suis jamais très loin. L’histoire se répète.

Un jour, papa m’a conseillé d’engager un premier employé. Quelques mois plus tard, j’en embauchais un deuxième. Deux ans après, nous voilà quinze. J’ai constitué une équipe sur laquelle je peux me reposer et qui me permet de consacrer du temps à ma collection. »

Stefan : « Entourez-vous des bonnes personnes. C’est un conseil que je donne à tous les entrepreneurs. Tant sur le plan privé que professionnel. Dans notre cas, la famille et les amis occupent une place fondamentale. Sur le plan financier et professionnel, la Banque Van Breda a été notre plus grand soutien. J’ai enfin trouvé une banque qui connaît réellement le métier d’entrepreneur. Une banque qui a cru en notre histoire et qui nous a donné la chance de concrétiser notre rêve.

Et même lorsque nous avons décidé de revendre Childhome il y a quelques années, la Banque était à nos côtés. Elle nous a accompagnés tout au long du processus et nous a aidés à trouver le bon acheteur. Nous avons travaillé avec un médiateur qui nous a proposé différentes entreprises belges ainsi qu’une société française. La société Béaba, que nous connaissions très bien, a finalement racheté notre entreprise. »

Nathalie : « Depuis quelques années, nous comprenons à quel point il est important d’être entourés des bonnes personnes. La maladie de Stefan nous a bouleversés. Tout était soudainement différent. Comme si le sol se dérobait sous nos pieds. Nous avons mis Childhome sur le marché quelques jours après avoir appris la mauvaise nouvelle. C’était ce que nous avions prévu. Mais nous pensions pouvoir profiter de belles années ensemble, avec nos enfants et petits-enfants. Parfois, la vie nous échappe. Nos projets s’écroulaient sans que nous ne puissions rien y faire. »

Stefan et moi sommes restés un duo inséparable. Depuis sa maladie, je dois simplement redoubler d’efforts.

Nathalie Aerts

Pour le meilleur et pour le pire

Nathalie : « Depuis quelque temps, Stefan se plaignait d’une douleur à la jambe. Il boitait. Malgré plusieurs examens, les médecins ne trouvaient rien. En 2019, ils ont évoqué la piste de l’arthrose, mais ce diagnostic s’est révélé être erroné. Finalement, le verdict est tombé : Stefan souffrait d’une forme rare de cancer des os localisé dans le bassin. La tumeur mesurait déjà six centimètres, mais nous n’étions au courant de rien.

Et puis, la pandémie du Covid a éclaté et les examens complémentaires ont été reportés. Nous n’avons appris la mauvaise nouvelle que quelques mois plus tard. Lors d’un rendez-vous médical, le médecin nous a annoncé que la seule voie vers la guérison passait par l’amputation de sa jambe et de sa hanche droites ainsi que de son bassin. Je n’osais pas regarder Stefan. “Quand allez-vous le faire, docteur ?”, l’ai-je entendu demander. “Demain ?”. Je reconnais là bien Stefan. Il veut battre le fer tant qu’il est chaud et aller de l’avant. “Vivre avec une jambe, c’est possible”, répétait-il. Cette phrase est très vite devenue sa devise. »

Magalie : « Je me souviens avoir appelé papa pour lui annoncer la naissance de ma plus jeune fille. Il n’a pas décroché parce qu’il était chez le médecin avec maman. On leur annonçait la mauvaise nouvelle. Peu de temps après, maman m’a confié : “Papa et moi restons un duo. Je dois simplement redoubler d’efforts.” »

Nathalie : « Nous étions convaincus que la vie reprendrait malgré l’amputation. Surtout trois mois plus tard, quand nous avons appris que Stefan était en rémission. Mais ce bonheur était, lui aussi, de courte durée. La tumeur avait atteint ses poumons. »

Stefan : « Nous avons tout essayé : les rayons et la chimiothérapie. À deux reprises. L’année dernière, j’ai passé onze semaines à l’hôpital et j’ai même été plongé dans le coma. Je suis maintenant de retour à la maison après une hémorragie cérébrale. Comme si le sort s’acharnait. Heureusement, une pompe sous-cutanée soulage désormais ma douleur. »

Nathalie : « Malgré tout, nous restons positifs. Nous nous encourageons. Stefan me porte et inversement. Nous continuons d’y croire. Nous formons une équipe, dans le privé comme au travail. Je suis convaincue que c’est notre force. Nos enfants et petits-enfants sont notre plus grand soutien. Tout comme nos amis, ils sont nos psychologues. »

L’importance d’un bon équilibre

Magalie : « J’admire mes parents. Ils nous ont appris à quel point il est important de profiter de la vie. Jour après jour, même quand tout s’y oppose. Travailler dur ne fait pas de mal. “Travailler n’a jamais tué personne”, nous disait souvent papa. Il a raison. Mais tout est une question d’équilibre. Qu’est-ce qui est important dans la vie ? Ce sont les gens qui vous entourent. Là aussi, j’essaie de trouver un juste milieu. Ce n’est pas facile, mais je fais de mon mieux. »

Stefan : « En tant que père, je souhaite la même chose à Magalie. Trouver un bon équilibre entre le travail et la vie de famille est important, surtout en tant que femme. L’essentiel est de profiter des petits moments de la vie et de s’épauler. J’ai beaucoup de chance d’être si bien entouré par ma famille. Je continue de me battre pour eux. Jour après jour. »

Barbara Claeys
Barbara Claeys

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