« Il est essentiel de connaître ses consommations pour ensuite pouvoir les optimiser »

Véronique Léonard : « De manière générale, c’est une situation difficile pour tout le monde. C’est incontestable. Nous avons cependant remarqué deux façons de réagir au sein des PME : en prenant des initiatives ou en se figeant. Dans le premier cas, ce sont les entreprises et sociétés qui ont vraiment compris l’enjeu de la crise. C’est une situation qui va persister donc elles veulent réagir le plus rapidement possible : elles demandent des informations, des accompagnements, des audits, du financement pour des investissements.

Dans le deuxième cas de figure, ce sont des entreprises ou sociétés figées, elles ont peur. Elles ne veulent pas ou n’osent pas investir, et préfèrent garder leur trésorerie pour faire face aux factures énergétiques à venir. C’est pourtant une des plus mauvaises réactions qu’une entreprise puisse avoir. Nous voulons leur montrer qu’après avoir épuisé leur trésorerie, elles devront toujours payer le même montant, voire plus. Une facture, c’est un prix et des consommations : il est donc important d’essayer de diminuer ses consommations à défaut de réduire le prix unitaire.

Je comprends tout à fait l’impact de ces factures et je le vois bien dans mes discussions avec les indépendant(e)s. Il y a encore deux ans, lorsque je demandais quelle était la facture énergétique d’une entreprise, le/la responsable en avait rarement une idée précise. Aujourd’hui, tout le monde sait ce qu’il/elle paie, ou à peu près. Par contre, personne ne sait ce qu’il/elle consomme. Il est pourtant essentiel de connaître ses consommations, de les vérifier pour ensuite vérifier comment les réduire ou les optimiser, que ce soit en électricité, gaz, mazout, bois ou autre. »

Véronique Léonard : « Plus que de l’idéologie, aujourd’hui c’est vraiment une question de survie. Celles et ceux qui ne s’y intéressent pas, ne passeront pas le cap. Il ne faut pas oublier que nous sortons d’une situation compliquée avec la crise sanitaire, les inondations pour certains. La crise de l’énergie a ceci de différent qu’elle n’est pas mondiale. Elle touche plutôt l’Europe. C’est donc important, pour rester concurrentiel, d’améliorer sa résilience. Il faut pouvoir diminuer au maximum sa dépendance aux énergies carbonées pour être le plus efficace et le plus durable possible, pour pérenniser son activité dans le temps.

L’augmentation du prix de la facture est un facteur de sensibilisation et de changement, c’est certain, mais de manière générale, les indépendant(e)s ne peuvent plus se permettre d’attendre. Il n’y a malheureusement pas de solution miracle. Pour réduire son empreinte carbone, il existe cependant toute une série d’outils disponibles qu’il faut apprendre à connaître. Réduire sa facture passe par un ensemble de petites solutions et de petites économies à faire un peu partout. »

Véronique Léonard : « Il faut d’abord cartographier sa consommation, d’où l’intérêt d’un audit énergétique. Cela permet d’avoir des mesures et des connaissances relativement précises pour savoir où il est intéressant d’agir. À partir de là, le plan d’action devient beaucoup plus évident. Comme il n’y a pas de solution unique, il faut voir la situation de chaque entreprise ; c’est au cas par cas.

Beaucoup d’indépendant(e)s se demandent si les panneaux photovoltaïques sont encore rentables. Pour moi, il est évident qu’aujourd’hui, c’est la seule manière d’avoir un prix fixe pour une partie de ses consommations électriques. Il ne faut pas non plus hésiter à améliorer l’isolation de ses bâtiments et remplacer ses spots et ampoules incandescentes par des LED. Ce sont toutes des bonnes pratiques qui semblent assez évidentes mais que les entreprises ne pensent pas toujours à mettre en place.

C’est exactement le même principe pour les bureaux, les études ou les cabinets. Vous pouvez vérifier les horaires de fonctionnement du chauffage par exemple. Avoir un horaire de programmation adapté aux heures de travail permet d’éviter les dérogations manuelles de fonctionnement et une surconsommation. Eteignez votre ordinateur ou votre imprimante et, de manière générale, ne laissez pas vos appareils électriques en veille. Tous ces gestes peuvent être effectués à petite échelle. »

Véronique Léonard : « Les référents bas carbone / économie circulaire , un réseau coordonné par la Sowalfin, peuvent venir gratuitement dans les PME wallonnes. Ils passent environ une demi-journée dans l’entreprise, de préférence avec le/la responsable, pour mettre en avant les pistes susceptibles de générer des économies, que ce soit au niveau de l’énergie mais aussi de la durabilité de manière générale (gestion des déchets, consommation d’eau ou recyclage, par exemple). C’est une démarche bas carbone au sens large.

Pour aller plus loin, vous pouvez faire appel au dispositif des chèques-entreprises qui subsidie votre audit jusqu’à 75%. L’entreprise ne doit même pas avancer ce montant, elle ne règle que ses 25%. Lorsque vous passez à la phase de réalisation, il y a soit des primes à l’investissements, soit des aides UDE (Utilisation Durable de l’Énergie) que vous pouvez introduire au niveau du Service Public de Wallonie. C’est possible dès qu’une PME a un plan d’investissement hors photovoltaïque de plus de 20 000 euros.

Il y a également des dispositifs de financement, comme Easy’Green de la Sowalfin, qui vous permettent de ne pas devoir toucher immédiatement à votre trésorerie. Vous pouvez y faire appel pour le financement de tout ce qui va permettre de réduire votre empreinte carbone, même si vous bénéficiez déjà d’un subside car c’est cumulable. »

Véronique Léonard : « Il ne faut pas hésiter à se faire aider pour poser des actes concrets le plus rapidement possible. Aujourd’hui, seulement 20% des entreprises ou sociétés ont basculé en contrat variable. Fin mars, ce sera 80%. Mieux vaut donc ne pas attendre d’avoir une facture colossale à payer, que ce soit de régulation ou d’acomptes. Autant investir tout de suite pour diminuer son niveau de consommation, réduire ses acomptes et pouvoir avoir une meilleure visibilité sur ses coûts à venir.

Si vous ne souhaitez pas prendre de risque par rapport à une étude ou un audit, ou devoir supporter des coûts, vous pouvez contacter les référents bas carbone / économie circulaire. Sinon, vous pouvez faire appel à des auditeurs. Ensuite, demandez des offres comparatives et investissez là où c’est nécessaire. Le pire que pourrait faire une entreprise aujourd’hui serait de ne rien faire. »

Plusieurs organismes peuvent vous aider à accélérer la transition énergétique de votre entreprise.

• Vous pouvez demander des subsides à l’étude et à l’investissement auprès du Service Public de Wallonie. Cliquez ici pour en savoir plus 

• Si vous préférez un accompagnement technico-financier personnalisé, le dispositif WalEnergie de la SRIW, est disponible pour les grandes entreprises. Vous pouvez contacter Sylviane Bilgischer, Investment Manager en énergie renouvelable et environnement, à l’adresse sbilgischer@sriw.be

• Le dispositif Easy’Green de la Sowalfin propose le même type d’accompagnement pour les PME. Vous pouvez contacter Véronique Léonard, responsable du pôle éco-transition, à l’adresse vleonard@sowalfin.be

• En vous inspirant: nous proposons des conférences et des sessions d’information claires et inspirantes grâce à Van Breda The Square . Nous restons également votre caisse de résonance pour toutes vos décisions.
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