Au fil des années, j'ai noué une relation de confiance avec mes clients. Je tiens à ce qu’ils soient entre de bonnes mains après mon départ. Notre association le permet.
Ludwig Peeters : « J'ai grandi dans une famille de petits indépendants. Mon père était bijoutier, ma mère l’aidait tout en s’occupant de notre famille. Le droit et la justice étaient deux domaines qui ne nous étaient pas familiers. J’ai pourtant entamé des études de droit. C’était un choix que je qualifierais de prudent, même si je n'avais aucune ambition particulière à l'époque.
Par la suite, j’ai fait plus ample connaissance avec un membre de la famille, côté paternel, qui était inscrit au Barreau. Il m'a inspiré. Une fois mon diplôme en poche, en 1975, j'ai été engagé chez un avocat pour mon stage. Trois ans plus tard, j’étais inscrit à l’Ordre.
Ma femme et moi avons lancé le cabinet. Elle s’occupait de l'administration. C’était un cabinet général ; à l’époque, c’était plutôt rare de se spécialiser dans un domaine spécifique. Nous prenions toutes les affaires qui se présentaient et notre portefeuille de clients s’est rapidement développé.
Une approche différente
J’ai travaillé à mon compte pendant des années. S’associer n’était pas aussi courant qu’aujourd’hui et la plupart des avocats travaillaient en solo. De nos jours, les jeunes ont une approche différente et choisissent souvent de s’associer dès le départ. Ils peuvent ainsi se partager certains frais et composer leur cabinet de manière à proposer différentes expertises sous un même toit. Ce sont ces mêmes raisons qui m’ont poussé à m'associer moi aussi.
En 2008, je me suis lancé avec un confrère essentiellement actif dans le droit familial. J’ai donc pu me recentrer sur les affaires commerciales, les dossiers d'assurances et les sinistres ; le travail était aussi un peu mieux réparti.
Garantie de continuité
Chaque jour, pendant des années, j’ai mis toute mon énergie à accompagner et à défendre mes clients. Tout le monde a le droit de se faire assister par un avocat et d’être traité correctement. Chacun mérite d’avoir au moins sa chance, en toute équité. Ce sentiment aigu de justice s’est renforcé au fil du temps. En tant que passionné, je n’ai travaillé à contrecœur.
Malheureusement, chaque histoire a une fin et je n’échappe pas à la règle. J’avoue que c’est difficile. La profession va me manquer, c’est certain. Mais je m’inquiète surtout à l’idée de confier à un successeur les clients avec lesquels j’ai noué une relation de confiance au cours de ma carrière. Je tiens à ce qu’ils soient entre de bonnes mains.
C’est pourquoi j’ai commencé à planifier ma succession voici sept ans environ. J'avais 63 ans. J’ai immédiatement noté l’intérêt d’un de mes anciens stagiaires à reprendre ma clientèle. Une belle manière de leur garantir au moins la continuité.
Nous étions sur la même longueur d’ondes et le déclic a été tout aussi instantané avec mon associé. Nous avons opté pour une transition progressive et avons convenu que je resterais disponible pendant trois ans pour assurer l'assistance et le conseil. Une échéance qui s’est finalement prolongée puisque je suis toujours là.
Un accord équitable et transparent
Nous avons pris une certaine liberté par rapport aux conventions habituelles en matière de commissions. Les commissions sont généralement calculées sur la base du chiffre d’affaires des trois dernières années, que l’on convertit en moyenne annuelle. Un système qui, pour diverses raisons, ne nous satisfaisait pas vraiment. Nous avons donc décidé que je recevrais une commission pour les clients que je transférais à mon successeur. Cette commission correspondrait à un certain pourcentage des futurs dossiers confiés au cabinet par mes clients. Je continuerais à gérer à mon compte les dossiers déjà ouverts. Un accord équitable qui nous convenait à tous les deux.
Nous voulions aussi maintenir le cabinet là où il se trouve actuellement, y compris après mon départ définitif. Comme il s’agit d’un bien personnel, nous avons conclu un bail de location. Tout s’est donc arrangé pour le mieux.
Pas de grands projets en vue
J'aurai septante ans l’an prochain. Un bel âge pour mettre un terme à ma carrière et entamer en toute tranquillité le prochain chapitre de ma vie avec mon épouse et mes deux fils. Je n'ai pas de projets concrets. Nous ne sommes pas de grands voyageurs, nous habitons à la campagne et nous aimons prendre soin de notre jardin. Je pense que nous y passerons pas mal de temps.
Sinon, pourquoi pas un grand voyage qui me permettrait de rendre visite à mon frère et à ma sœur en Nouvelle-Zélande ? Nous n’y sommes jamais allés : c’est peut-être le moment d’en profiter !
Les options sont infinies. Nous avons tout notre temps et c’est une belle perspective en soi. Ce qui ne m’empêchera pas d’avoir un pincement au cœur le jour où je quitterai le cabinet. »