Le paysage des pharmacies belges : une transformation en marche

Actuellement, le secteur des pharmacies traverse une phase d’ajustements marquée par de nombreuses évolutions. Dans les médias et les discussions publiques, le ton dominant tend à être alarmiste. Ces quelques titres de presse en témoignent :

« La concurrence des pharmacies en ligne, axée sur les prix, est dévastatrice. »

« Les nombreuses fermetures de petites officines témoignent d’un secteur en difficulté. »

« Il est très difficile de recruter du personnel qualifié. »

Bien que ces affirmations s’appuient sur des faits, elles ne présentent qu’un fragment du tableau. Il est essentiel de replacer ces défis dans leur contexte pour apprécier les atouts spécifiques du paysage des pharmacies belges et les opportunités qui émergent.

La Belgique se distingue par un réseau de pharmacies particulièrement dense, garantissant un accès facilité aux soins pour les patients. Aux côtés des médecins généralistes, les pharmaciens restent des interlocuteurs privilégiés en matière de santé. Leur rôle dépasse souvent la simple délivrance de médicaments : ils conseillent, orientent, et agissent comme un pont essentiel entre les patients et d’autres professionnels de santé.

Ces dernières années, les pharmacies ont connu une évolution notable marquée par une augmentation significative du chiffre d’affaires et des bénéfices. Cette croissance s’explique principalement par deux facteurs : le vieillissement de la population, qui génère une demande accrue en soins de santé, et l’élargissement des missions confiées aux pharmaciens.

Aujourd’hui, environ 65 % du chiffre d’affaires des pharmacies provient de la vente de médicaments sur ordonnance. Ce segment, protégé par un monopole, représente également 55 % des bénéfices et continue de croître, porté par l’évolution démographique.

Les 35 % restants du chiffre d’affaires, générés par la parapharmacie, les produits de soin, le bien-être ou encore les compléments alimentaires, font face à une concurrence accrue, notamment en ligne. Pourtant, les acteurs numériques peinent à s’imposer, ne captant qu’environ 10 % de ce marché. Ce faible taux s’explique en grande partie par l’expertise des pharmaciens, qui offrent un conseil personnalisé et adapté aux besoins de leurs clients — une valeur ajoutée avec laquelle les plateformes en ligne ne peuvent rivaliser.

Face à la concurrence croissante des grands acteurs du secteur, les pharmaciens indépendants s’adaptent. Certains choisissent de s’agrandir, en acquérant plusieurs établissements ou en fusionnant, tandis que d’autres privilégient les achats groupés pour réaliser des économies d’échelle. Enfin, il est important de nuancer la perception des fermetures de pharmacies. Si des établissements disparaissent, cela résulte souvent de choix stratégiques visant à regrouper plusieurs petites officines en une structure plus grande et plus performante, et non d’une contrainte économique subie.

Cette rationalisation présente de nombreux avantages :

• Optimisation des ressources humaines : la présence obligatoire d’un pharmacien dans chaque pharmacie est garantie.
  
  
• Élargissement de l’offre de services : en proposant un éventail plus large de services (vaccinations, prises de mesures, consultations confidentielles…), les pharmacies renforcent leur rôle de conseil ou de prévention.
  
  
• Collaboration renforcée : la solitude qui caractérisait les pharmaciens par le passé laisse place au travail d’équipe.
  
  

Enfin, le nouveau cadre réglementaire relatif aux transferts et aux fusions d’établissements a apporté une plus grande sécurité juridique aux acteurs du secteur.