« Depuis plusieurs années, la recherche du bonheur ne passe plus par le matériel, mais plutôt par la recherche de sens et l’équilibre avec soi-même. »
Stéphane Gatot : « À l’origine, je suis ingénieur civil en construction. J’ai été, dans ce secteur, dirigeant d’une entreprise de 60 personnes pendant 25 ans. Maintenant que j’ai passé la cinquantaine, je recherche surtout une vie plus équilibrée entre la sphère professionnelle et la sphère privée.
J’ai toujours adoré la construction et je souhaite continuer à travailler aussi longtemps que possible dans ce secteur. C’est passionnant de concrétiser une idée, avec toute l’anticipation nécessaire avant la réalisation. Encore aujourd’hui, je suis directeur technique d’une entreprise de construction. En parallèle à cette première activité, j’accompagne les dirigeants de PME dans la création de comités stratégiques. L’objectif est de leur permettre de prendre du recul et de revenir à ce qu’ils aiment faire dans leur entreprise, la raison pour laquelle ils l’ont créé au départ.
Il y a quatre ans, j’ai participé à la création d’OpenFlow, une coopérative aidant les entreprises à traverser la transition actuelle aux niveaux de l’économie, du social et de la durabilité. C’est une communauté d’experts qui réfléchissent au monde de demain et aident les entrepreneurs à devenir acteurs du changement. Nous remarquons que, depuis plusieurs années, la recherche du bonheur ne passe plus par l’argent, le matériel, mais plutôt par la recherche de sens, l’équilibre avec soi-même. C’est grâce à cela que nous établissons des relations avec les autres, puis que nous voulons gagner notre vie. Il s’agit d’une inversion de la pyramide des besoins telle qu’établie à l’origine par A. Maslow. »
Recherche de sens et nouvelle vie
« Ma recherche d’une vie plus équilibrée est arrivée après mon burn-out. J’ai décidé, depuis ce moment-là, de ne plus prendre seul la responsabilité d’une entreprise. En effet, je ne pouvais plus y consacrer 50 heures ou 70 heures par semaine. Mon objectif était toutefois de continuer dans la construction, qui est vraiment ma passion. J’ai également gardé le même réseau professionnel, dont l’association internationale APM qui réunit mensuellement 8000 dirigeants d’entreprise. C’est là que j’ai rencontré une personne formant des comités stratégiques et qui m’a aidé à construire ma nouvelle vie.
Aujourd’hui, j’adore travailler pour tous mes clients, ce que je considère comme très important au niveau mental. Mon souhait le plus cher est de mettre en place un système qui permette de travailler 30 heures par semaine, pas plus, pour une entreprise. Ce n’est pas simple bien entendu, mais je ne désespère pas de trouver la bonne technique. Dans beaucoup d’entreprises, je remarque souvent que le/la dirigeant(e) n’arrive pas à déléguer ou structurer son entreprise pour être moins présent(e). Il faut également que les autres employés acceptent que le/la propriétaire ne soit pas toujours là et que l’entreprise fonctionne correctement malgré tout.
Le plus important, selon moi, c’est d’apprendre à être assertif ou de le rester. J’apprends à dire ‘non’ aux opportunités professionnelles car, de toute façon, il n’est pas possible de tout accepter. Même si un projet peut sembler intéressant a priori, il faut qu’il corresponde aux valeurs que je me suis imposé : la loyauté, le respect de soi, la bienveillance, la recherche de sens dans ce que j’entreprends. Je pense que de plus en plus d’entrepreneurs visent les mêmes objectifs. »
« Pour trouver l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée, je m’écoute beaucoup. Depuis mon burn-out, j’ai commencé à noter toutes mes idées. »
Conseils pour trouver l’équilibre
« Pour trouver l’équilibre entre ma vie professionnelle et ma vie privée, je m’écoute beaucoup. Depuis mon burn-out, j’ai commencé à noter toutes mes idées. L’aspect mental étant très important pour moi, je suis donc attentif à tout ce qui est signe précurseur et je les vérifie régulièrement. J’ai défini la limite que je ne voulais plus franchir en terme de temps de travail pour une entreprise en particulier. Je compte aussi sur mes ‘gardiens’ : mon épouse, mes enfants, mes amis. Ils savent qu’ils doivent me prévenir si je deviens trop nerveux et ce système fonctionne bien jusqu’à présent. Je dois accepter de les écouter bien évidemment, ce qui n’a pas toujours été le cas dans ma carrière.
Ce que je conseillerais aux entrepreneurs qui recherchent cet équilibre, ce serait d’essayer de ne faire que ce que vous aimez, ce en quoi vous croyez. Il ne faut pas séparer vie privée d’un côté, et vie professionnelle de l’autre : les deux font partie de la même équation et doivent être mis sur un pied d’égalité. C’est un mélange constant, chaque aspect participant à votre épanouissement personnel. »